Marie-Florence

 Marie-Florence LONDAIS

71 ans, infirmière libérale retraitée

Infarctus du Myocarde, stent coronaire


J’ai toujours eu un côté positif, mais c’est vrai qu’il faut le digérer. Pour moi, il a fallu un an avant que j’accepte. On n’oublie pas. Je pense que ça reste toujours dans un petit coin de la tête mais ce n’est pas pour ça que la vie s’arrête, au contraire. Si on fait attention, on peut vivre avec, il faut en parler.


Parfois, peut-être que je déborde un peu mais c’est ma façon de vivre. J’ai toujours vécu en fonçant, je ne vois pas pourquoi, même à la retraite, je m’arrêterai. Même si je suis très, très cool.

Quand les gens m’en parlent, je leur dis :« c’est comme toute maladie, si on s’arrête à notre maladie, c’est elle qui gagne ». 


Je bossais beaucoup (infirmière libérale) bien sûr car j’étais toute seule. A ce moment-là, j’avais une remplaçante momentanément parce que je passais le diplôme universitaire des soins palliatifs.

Je passe mon diplôme, j’organise une fête pour ma fille, j’avais pris quelques jours. Il y avait 15 enfants qui venaient. Je préparais tout. Coup de téléphone, ma belle-mère a eu un accident de voiture, on doit lui faire un scanner. Mon mari vient me chercher, je dépose ma fille chez une voisine. On monte à l’hôpital. Les médecins la gardent parce qu’elle n’était vraiment pas bien.

Je fais la petite fête pour les enfants, c’était un samedi. J’organise tout, avec une belle-sœur qui m’a aidée. Le soir, je suis allée voir ma belle-mère.

Le dimanche, je remets la maison en ordre et c’est en nettoyant la maison que mes frères et mon mari me demandent ce que j’ai. Je leur dis que je suis fatiguée, alors je m’assois. 

Puis je suis montée voir ma grand-mère de cœur pour lui annoncer l’accident de sa fille, et elle me dit : « mais toi, tu es sûre que ça va bien ? ». C’est là que j’aurais dû avoir la puce à l’oreille…mais je continue. Le soir, je suis retournée voir ma belle-mère mais comme il y avait un de mes frères et que j’étais fatiguée, je ne suis pas restée.


Le soir, je demande à mon mari d’appeler SOS médecins, il me propose d’appeler un ami médecin, mais je ne voulais pas l’embêter un dimanche. Il faut qu’il me fasse un Calcibronat parce que je pense que je suis atteinte de spasmophilie.

SOS médecin est venu, il me fait un électrocardiogramme et nous demande : « vous préférez l’hôpital ou la clinique » ? Je lui réponds : « mais moi je travaille demain » !

Le médecin me dit : « vous ne bougez plus », le redit à mon mari : « votre femme ne bouge plus, j’appelle une ambulance ».

Vraiment le truc, avec ma fille à côté… L’un de mes frères est venu pour s’en occuper.

Et moi, dans l’ambulance avec les pompiers, je leur dis qu’ils se trompent complètement. Mais le médecin me dit : « si je me trompe, vous aurez le droit de dire quelque chose ».


Je suis arrivée aux urgences cardiaques et … je ne me souviens plus de rien. J’ai un vide.


Ensuite, je me souviens bien du cardiologue au pied de mon lit qui dit aux infirmières qu’il faut la sortir vite de là, mais l’infirmière lui dit : « stop, expliquez-lui ce que c’est, vite ». Parce qu’en me disant ça, moi je me dis : « c’est génial, je sors demain », mais pas du tout.


Après je suis allée en rééducation à Bois-Gibert. Le cardiologue de l’hôpital a demandé que je sois en ambulatoire car ma fille était petite, et à l’époque, il n’y avait pas de femme là-bas.

Je n’étais qu’avec des hommes, on faisait de la gym aquatique.

J’ai appris à me modérer au niveau de mon travail parce qu’aucune cause n’avait été retrouvée. Je ne fumais pas, je ne buvais pas, je n’avais pas de cholestérol.


Après réflexion, je sais pourquoi : mon emploi du temps, c’était de la folie, je courais partout.

Je fais beaucoup de sophrologie, yoga, et j’avais une amie psychiatre qui m’a aussi aidée.

Devise :

J’ai appris à me modérer au niveau de mon travail parce qu’aucune autre cause n’avait été retrouvée, mais après, j’ai compris pourquoi : mon emploi du temps, c’était de la folie, je courais partout.

Il m’a fallu un an avant que j’accepte les choses, mais ça ne s’arrête pas là : on se soigne et après on recommence sa vie : si on fait attention, on peut vivre avec la maladie, il faut en parler !