Marie-Christine JOLIBOIS
55 ans, sans emploi,
Artérite des membres inférieurs
Comment j’ai découvert mon diagnostic ?
Octobre 2021. Je sors de 3 mois d'immobilisation et de fauteuil roulant suite à une fracture du talon gauche.
Je vois enfin le bout du tunnel, lorsque je constate une petite rougeur sur un orteil, pied droit. Rouge et très douloureux. Je consulte ma généraliste qui m'envoie chez un échographiste pour un Doppler. Lors de l’examen, je constate de moi-même sur l'écran que ça ne circule pas très bien, voire pas du tout. Il me prescrit un angioscanner à faire en urgence, prévu 15 jours après. Mais l'orteil rouge devient très rapidement noir, très noir et de plus en plus douloureux. J'envoie un mail avec photos à ma généraliste (un dimanche, pensant qu’elle répondrait le lundi mais elle m’a répondu le jour même) qui me dit d'aller rapidement aux urgences. Ce que je fais.
J'étais tout simplement en train de perdre mon orteil qui se nécrosait : une ischémie, c'est-à dire artère bouchée.
Et tout s'enchaîne : Prise en charge rapide aux urgences. Angioscanner : le verdict n'a rien de surprenant, artères totalement obstruées par endroits et très resserrées à d'autres. Circulation sanguine très mauvaise. Direction le service de chirurgie vasculaire. On m'annonce que je suis passée vraiment pas loin de l'amputation : grosse frayeur !
Traitement en urgence pour fluidifier le sang. Mon orteil retrouve une couleur normale (quelques jours après, sa peau est tombée, comme lors d’une mue, drôle de sensation). Début d'un traitement assez lourd, nécessitant des examens au préalable car traitement présentant des risques (surtout au niveau du cœur) installation d'un cathéter. Équilibrage du traitement à l'hôpital pendant une semaine et retour à domicile avec passage quotidien de l'HAD (Hospitalisation à domicile) car le traitement est à continuer pendant 28 jours à raison d'une perfusion de 6h tous les jours. Traitement qui m'a été très désagréable avec des effets indésirables parfois insupportables, mais incontestablement moins graves qu'une amputation (toujours relativiser).
Et après ? J'ai appris que la cigarette, accompagnée de sédentarité, étaient les principales causes de l'artérite.
J’ai donc arrêté de fumer et je vais 2 fois par semaine faire de la marche sur tapis chez ma cardiologue.
Traitement avec anticoagulants et antiagrégants plaquettaires à vie.
Surveillance régulière de mes artères.
Auto contrôle de mes orteils qui sont devenus précieux (faire attention à la moindre plaie, rougeur, irritation).
Je vis tout le temps avec les pieds gelés.
Même si un réseau de circulation sanguine périphérique s'est mis en place, ce réseau reste un itinéraire bis et non une autoroute comme il devrait l'être. Donc ça circule mais pas autant que ça ne devrait.
Conséquence, port quotidien de vraies charentaises en laine (même l'été).
J'ai eu très peur d'être amputée d'un orteil et le mot "artérite" a été difficile à accepter/intégrer. Pour avoir côtoyé pas mal de personnes qui en sont atteintes, c'est effrayant.
Je relativise, me dis que j'ai eu de la chance d'être prise en charge rapidement par un très bon service et que je dois mettre toutes les chances de mon côté pour que ça ne recommence pas.
J'ai fait un séjour d'un mois au centre de rééducation cardio vasculaire de Bois Gibert et y ai appris beaucoup de choses. Entre autres, tout ce qu'il m'est fortement dorénavant déconseillé de faire maintenant et des exercices à faire régulièrement pour stimuler la circulation sanguine.
Suivi régulier par cardiologue, chirurgien vasculaire, échographiste et surtout par moi, qui suis la principale actrice de ma pathologie.
Tout ceci m’a amené à rencontrer une nouvelle cardiologue, accompagnée de sa super secrétaire qui m’ont aussi fait découvrir l’association qu’elles ont monté La Riche de Cœur et pour la première fois de ma vie, j’ai décidé d’adhérer à cette association pour contribuer bénévolement et à mon niveau, à faire de la prévention des risques cardiovasculaires. Si notre expérience est mise au profit des autres, elle n’en n’est que meilleure.
La vie continue, mais différemment. Changer ses habitudes, en mettre de nouvelles et bonnes en place. Rien de bien compliqué, finalement et ça en vaut vraiment le coup !
L'être humain est doté d'une grande capacité d'adaptation trop souvent inexploitée. Alors adaptons-nous !