Dominique ETTEL
76 ans, retraité chef d’entreprise
Cardiopathie ischémique – CIV- insuffisance cardiaque - défibrillateur
Je suis quelqu’un d’assez entreprenant, j’ai développé deux entreprises, une en France et une au Maroc. Je me suis sûrement un peu surmené dans la vie. Je faisais un peu la navette tous les mois entre les deux pays, en étant PDG des deux usines. C’est sûr que j’ai été très heureux, j’ai passé une vie professionnelle géniale. Mon métier c’est la mécanique, mais la fabrication en mécanique pas l’automobile.
A 40 ans, j’ai été détecté diabétique donc je suis soigné depuis cet âge-là. J’ai été suivi dans le cadre du diabète, pour des contrôles pour le cœur, bien avant d’avoir un problème.
A 60 ans, j’ai vendu mes deux entreprises. J’ai profité jusqu’à 70 ans sans gros soucis de santé.
A 72 ans, je n’ai rien senti.
Un week-end ensoleillé, je suis avec des amis, on fait un barbecue, tout était bien. Le matin, je ne me sentais pas bien, j’avais mal dormi la nuit, je ne me sentais pas bien mais rien de plus qu’une douleur dans le dos. L’ami qui était là me dit : « attends, je vais te mettre du baume du tigre ».
Plus ça allait, moins je me sentais bien. Je ne sentais pas de douleurs, à part ces douleurs dans le dos mais je ne me sentais pas bien.
J’ai appelé SOS médecins qui m’ont dit que, compte-tenu de mon âge, il valait mieux que je fasse le « 15 ». J’ai fait le 15 qui a pris très au sérieux mon appel et qui a tout de suite envoyé une ambulance, je me suis retrouvé à la clinique.
Je pense que l’infarctus je ne l’avais pas fait, mais je l’ai fait à la clinique ou lors du trajet. Le chirurgien qui m’a opéré est allé voir ma femme en lui disant : « il y a 40 chances sur 100 qu’il s’en sorte. Il y a un trou, une CIV (communication inter-ventriculaire), on ne sait pas si on va pouvoir mettre une plaque, recoudre. Le cœur est mou comme du bifteck haché. Et moi il m’avait dit 50/50 ».
Il m’a opéré après 10 jours de coma provoqué. C’est une très grosse opération. J’ai eu une plaque et je suis resté 8 jours en soins intensifs.
Un truc m’obsède toujours, ce sont les cauchemars que j’ai pu faire pendant cette période où j’ai perdu le contrôle. J’étais dans des tas de situations et aujourd’hui ça fait 5 ans, je me souviens dans les détails de presque tout ce que j’ai vécu dans cette période.
J’ai eu tellement de mal que lorsque ça a été mieux, que j’ai pu revoyager en voiture, je suis retourné à des endroits que j’avais vu dans mes rêves pour voir si c’était vrai. Parce que ça mélangeait mon enfance avec des situations que j’avais vécues. Psychologiquement, c’était perturbant.
Il m’arrive encore d’y penser la nuit quand je suis tranquille dans le lit, d’un seul coup ça revient. Ce ne sont pas des cauchemars, je laisse aller car ça ne me fait pas souffrir et en général je m’endors là-dessus.
Je suis resté 1 mois et demi à la clinique où on est bien soigné par toute l’équipe. J’ai confiance en eux.
Ensuite, je suis allé à Bois-Gibert, c’était super, des gens bien.
Et après 3 mois d’incertitude, j’ai réagi.
J’ai toujours été sportif, je faisais partie d’un club où on fait de la marche. Une fois ? j’ai eu du mal lors de la marche en groupe. On était à Rochecorbon, j’ai vu la côte à attaquer et je me suis dit que je n’allais pas y arriver ; effectivement, au milieu de la côte, je me suis tétanisé et j’ai donc abandonné la marche collective. Il faut bien respecter les autres aussi.
Mais je fais toujours de la marche, de l’activité physique. Grâce au cardio-club : je suis convaincu que ce genre d’association permet de poursuivre les activités.
Tout le monde dit, « il faut faire du sport » … mais il est difficile de faire de la promotion.
Aujourd’hui, on est à + 5 ans, j’ai fait une rechute, un peu d’arythmie, un peu de décompensation cardiaque, donc j’ai la télésurveillance pour l’insuffisance cardiaque, ça rassure.
Maintenant, j’ai 76 ans, je me sens beaucoup moins en forme qu’autrefois. On a une grande maison avec 5000 m² de terrain. J’ai une femme qui est très active.
Il faut tailler les haies, les arbres, c’est difficile mais finalement on n’a pas vendu pour les petits-enfants.
Finalement, j’arrive quand même à l’aider mais c’est quand même avec moins de plaisir parce que c’est plus difficile et il y a des jours où je n’ai pas envie.
5 ans après, ce qui me donne du plaisir c’est ma famille, mon environnement, mon épouse bien sûr. J’ai 3 enfants, 7 petits-enfants, aujourd’hui c’est magnifique, on a une belle vie.
On la chance d’avoir eu deux entreprises, une en France et une au Maroc. Quand on a vendu les deux entreprises parce qu’elles étaient filiales, on a acheté un Riad et donc on y va 4 fois par an, au Maroc. On n’a pas à se plaindre. On va au bord de la mer. Les Marocains sont tellement gentils.
Là-bas il fait toujours beau, le matin on se lève c’est magnifique, on a envie d’entreprendre des choses.
Ma devise : il faut toujours se battre, il ne faut rien lâcher, même quand ça ne va pas.
Mon corps m’a trahi une fois, aujourd’hui je suis toujours un petit peu dans l’angoisse que ça revienne. Comme je n’ai pas eu d’alerte, je me demande comment ça va revenir. Dès qu’il y a un mal au ventre, mal de tête, mal dans la poitrine, je me dis « ça y est ».
Ma devise, c’est évacuer tout ça, y aller et si ça doit arriver, ça va arriver. De toute façon, ça arrivera un jour ou l’autre, on ne sait pas quand.
Les bons moments sont là, avec les enfants, la famille. Il faut en profiter.
Ne jamais être grognon, car être grognon ça n’intéresse personne et surtout pas les autres.
Malgré soi, ça arrive d’être grognon, on n’a pas envie, et on se rend compte que les autres sont grognons aussi. Je n’ai pas raison d’être grognon, si moi je souris, eux ils vont sourire aussi. Quelquefois ça marche et d’autres fois ça ne marche pas.
La vie mérite d’être prise comme quelque chose d’agréable.
Devise :
Il faut toujours se battre, il ne faut rien lâcher, même quand ça ne va pas. La vie mérite d’être prise comme quelque chose d’agréable.
Les bons moments sont là, avec les enfants, la famille : Il faut en profiter.